1. |
Exutoire
02:33
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EXUTOIRE
K1000:
J’fais ça par amour de l’autre, seule expression
De ma compassion, par plaisir, comme passion, par désir,
Pupilles dilatées, dans l’attente, sque-di latent,
Étant dilettante, dans l'entente d’c’que disent les temps,
D’c’que dit la tête, il est temps d’poser sur la rythmique
Du Freestyle arithmétique, à la rime métrique
J’fais ça pour qu’les raps se lisent, et pour qu’les sages se livrent
S’ouvrent les dictionnaires, et s’ouvrent les pages de livres.
Inviter l'instruction, éviter l'induction,
Aiguiser la diction, déguiser l'affliction,
Par une myriade d'images, de syllabes, de paraboles,
Quand je mitraille mille pages de milliards de paradoxes,
Laissant autant de voix pour que chacun les emprunte,
Et permettant de voir la multitude des empreintes,
Frappé souvent par la similitude de tant d'plaintes,
J'veux semer l'étude, qu's'immiscent les doutes à temps plein.
Que les questions soient reformulées, débattues,
Loin des programmes scolaires, et sentiers battus
Loin des flashs, projecteurs, et autres débats télés
Des thèmes de campagnes où l’dialogue est arrêté,
Où l’vrai est altéré par la rhétorique dévoyante,
Vide et voyante, sans cesse déblatérée, c’est atterré
Que j’t’ente de m’désaltérer d’un brin de simplicité
Et de m’offrir par ces extraits empreints de sincérité
NOSEPAD:
Vaste terrain d’réflexion qu’celui des liens entre les hommes
Dans c’monde bancal et malsain qui r’fuse remèdes et béquilles.
Errer parmi les tréfonds au beau milieu d’l’antre des âmes,
Transformer l’encre en vaccin ainsi qu’la plume en aiguille.
Savoir utiliser des tournures et des détours,
Viser pour mieux piquer au vif aux endroits stratégiques.
D’sa voix brutaliser, étourdir les auditeurs
Sur ces lourdes pistes corrosives en suivant la rythmique
D’un fond sonore souvent binaire à la rigueur implacable
En façonnant des univers avec vigueur et puis calme.
A l’horizon ma ligne de mire un rap qui tacle les pensées,
Que l’érosion fatigue les murs des habitacles cad’nassés.
Pousser en un coup d’pouce à revoir les plans d’la fourmilière,
Poncer la carapace, prévoir de grandes arrivées d’air.
Écrire me libère, me permet d’y voir plus clair,
Laisser des bribes de vie derrière comme les débris d’une vieille carrière
Afin d’m’échapper des décombres de toutes les idées sombres
Qui chaque jour s’entassent en nombre en tapissant d’ombre
Les dédales du mental qui mutent en grisaille cérébrale.
Atroces danses et joutes macabres, la croissance des doutes m’accable.
J’dérive égaré en moi-même en quête de vérité,
Mes rimes des galets que je sème dans cette obscurité.
Face à l’angoisse taciturne qui mord mais jamais n’aboie,
A la lueur de ma plume s’accorde la clarté d’ma voix.
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2. |
Noctambule
03:59
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NOCTAMBULE
NOSEPAD:
Les murs au fur et à mesure qu’les années filent s’esquintent
Et leurs grisâtres figures décharnées s’rident et suintent
Pour ma part je tourne en rond nourri par mes douleurs et craintes
Pourvu qu’mon cœur trouve le cran de résister à leurs étreintes
Car subir un sort similaire à celui d’la pierre à l’usure
Perdre l’amour et simuler s’rait sûrement la pire des blessures
Par-ci par-là quelques brins d’herbe craquellent et créent tels des cratères
Des trous dans la croûte du trottoir crade…
Comme pour prouver aux braves que demeure toujours l’espoir
Froides soirées, ruelles sordides, humeur morbide
Je traîne maladroitement pareil à une vieille larve perdue
Qui rêve encore de chrysalide.Autour de moi une aura triste
Car ma peine prime et s’exprime à travers son rôle d’oratrice
Tandis que j’explore la ville, traque mes démons à la trace
Et au flair pour parvenir à mettre des mots à la place
Si tes yeux effleurent un fantôme survolant une ombre d’homme…
Refrain:
Tu me verras errer de rue en rue le regard atterré
Marcher pour m’aérer parmi peurs et regrets
Passer l’air d’être ailleurs sans bruit dans la ville assombrie
Tu pourras alors apercevoir le roi des incompris
K1000:
Panneaux grouillants sous sémaphores laconiques
Barreaux rouillant d’où s’évapore la toxine
Sales trottoirs et poubelles par les cimes couronnés
D’arbres épars et rebelles aux racines goudronnées
Des rythmes gris réchauffés par des lampadaires
La ville crie le jour mais l’soir est lapidaire
L’asphalte excédentaire avale ses sédentaires
Ses sarcophages de ciment possèdent leurs détenteurs
Signatures incisives, affiches d’élection
Écritures évasives, canines déjections
Mes pensées déambulent au gré des artères de bitume.
L’esprit se désembue quand sur les parterres je titube
Dédale urbain où bon nombre s’échinèrent
Au sein duquel tu pourras peut-être déceler
Ce détail humain aux prises contre ses chimères
Je suis ce regard à la silhouette esseulée.
Refrain
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3. |
Etherlude
01:27
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ETHERLUDE
K1000:
Les basses démarrent, démarquent la dynamique
J' débarque déclame déballe la rime plastique
Art syllabique, classique pratique, et lâche l'attirail qui
Lamine la piste, lapide la zique et crache la zizanie
Charivari, les phrases éclatent
J'arrive varie les phases et claque
C'est ça, c'est sale, s'étalent ces salves
D'acide gastrique et d'bave, d'animalisme et d'rage
La ville s'habille d'lettrages la bille maquille mes affres
Gracile fragile c'est là qu'ma pyramide d'espoir
S'écrase placide j'abdique et mate
L'état c'est là qu'j'affine ma mine et rap
NOSEPAD:
Sur cette instrumentale ça y est j’arrive et me pose
De manière un peu déconcertante voilà qu’j’m’agrippe et impose
Ma griffe et ma prose comme la brise sur la rose
Le paysage m’agace quand j’mate l’héritage malade qu’on s’tape
Dévisage la vase constate qu’les images saccadent dans c’tas
De mirages d’agathes constants mon cerveau n’est pas costaud
Moins d’acier que d’étain quand y pleure fort, ça déteint
Au bout d’quelques soupirs embués la fleur perd ses pétales
Une liqueur sans saveur par le cœur perçé s’étale
Irriguant les rigoles rugueuses d’un corps gercé et pâle
Pendant qu’j’détale à tire d’ailes vers une place réservée
Chaque phrase une brassée d’air frêle une bonne tasse d’éther frais.
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4. |
Corps étranger
03:54
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CORPS ETRANGER
NOSEPAD:
Mon corps me lâche progressivement, la souffrance s’étale
Et me mâche lascivement. Je touche mon visage,
Ma peau sèche et fripée rappelle l’écorce ridée
D’un vieil arbre voûté, vidé peu à peu d’sa sève.
Assis à la vitre, ainsi va la vie
Jour après jour, un parcours sans retour
Jamais sans ratures, Élément humain
Je me sens naturellement ému
La nuit dernière malgré moi je n’ai pas dormi
J’ai eu peur de finir à la fois jeune et racorni
J’ai vu mon corps changer, devenir un inconnu
Comme un corps étranger, un affreux kyste, une boule de pus.
Un adversaire à part entière qui partageait mes viscères,
Dont les rappels autoritaires comme par magie m’évincèrent.
Il me priva d’cette liberté que j’avais cru illimitée.
Ma propre prison m’habitait, mon esprit tentait d’imiter
Les sensations évaporées de tout ce que je n’pouvais plus,
Ressassait mes rêves adorés flopée d’paris jamais tenus.
J’me suis vu flétrir pourtant de sève j’étais garni.
Toutes ces années à m’affaiblir en regardant passer ma vie.
La nuit dernière, j’ai eu peur de finir
J’ai vu mon corps changer, me devenir étranger
Un adversaire à part entière dont les rappels autoritaires
Me privèrent de liberté dans la prison qui m’habitait
K1000:
Regard hagard, la peau marquée d’ecchymoses,
Le teint blafard, le corps arqué et qui vogue,
Les souvenirs se ternissent, se recroquevillent ses rêves
Les journées s’éternisent mais le croque veille sur elle.
Désarmée, l’enveloppe qui survit décharnée,
Désormais, c’est l’esprit qui subit les harnais,
Qui subit les années. Devient la pire des lies
Le corps se délite, les fonctions se délient,
Encore ce délire, des tuyaux et des litres
La mort le délivre, Souffrance sans délice
Le souffle s’en délaisse, un instinct s’en délecte,
Un instant sans délais, arrêt de l’intellect.
Tu pensais, que l’esprit ne cesse
Que nos âmes se reverraient là où règne l’innocence.
Dans cet endroit d’amour et de parfaite équité,
Moi je crois que nous ne nous sommes jamais quitté.
Que l’esprit n’est qu’une enveloppe sommaire,
Qui passe et se meurt quand la matière demeure et se meut,
Comme ton corps répandu au devant des fleurs
Sous forme de gaz et de cendre que le vent effleure.
Les cordes sont les mêmes même si change la mélodie.
Nous identifier aux sons, voilà la maladie.
Et s’attacher à l’éphémère ainsi c’est s’ occire ,
Car le métal est précieux mais splendides ses oxydes.
La nuit dernière…
J’ai vu son corps changer, lui devenir étranger,
Un adversaire à part entière dont les rappels autoritaires
La privèrent de liberté dans la prison qui l’habitait.
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5. |
Réceptacle
03:53
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RECEPTACLE
K1000:
Cacahuètes lentement décortiquées,
Mangées une par une dans un décor quitté.
Le plaisir dans la simplicité exemplaire
Le geste qui reste attentif, net et sans perte
Amour de la terre et rapport saint dans l’effort
Mon grand père parlait très peu et sans les formes
D’un drôle de dialecte improvisé, entre dis toi bien,
Occitan, vénitien, français et italien.
Il me révéla ces mots au sens si profond:
«Hé Camilo, on est tous cons»
Règle qui attend toujours ses exceptions.
Legs de mon grand père qui changea mes perceptions
Et comme bien d’autres ils alimentèrent ma personne
Si bien que je suis soit tous ces êtres soit personne.
En réalité, je ne suis qu’un réceptacle
Sans honte ni fierté de mon rôle dans ce spectacle.
NOSEPAD:
Aujourd’hui je suis habité par des fragments d’personnalités
De tous ceux qu’j’ai pu être am’né à côtoyer d’près…
Qui m’ont accompagné, que j’ai accompagné.
Nos chemins se sont séparés. Restent des traces de passages
Cloutés d’images, de délires, de bavardages,
Et d’éclats de rire qui ressurgissent maladroitement
Sur l’étendue d’un long soupir…
Toujours dur d’avoir l’impression d’être passé à côté,
D’avoir fait le mauvais choix, de n’pas avoir assez profité
Des gens merveilleux qu’on avait autour de soi.
Les proches…on les voit tellement
Qu’à la fin on n’les voit pas. Et voila qu’on met les voiles
Et qu’on file déjà vers un autre univers.
Y’a des jours où j’regrette même les pires des prises de têtes,
Mais à quoi bon laisser ainsi le passé me rattraper,
Pour des souvenirs imprécis qui laissent le présent s’échapper?
K1000:
Je suis la partie, le fruit de l’ensemble et de fait
Je suis l’un, le fruit du multiple qui le reflète
Comme la cellule contenant le code de tout l’organisme
Qui circule dans ce corps que le désordre anime
Chacune revêt un aspect et une fonction distincts
Chacune dépend de l’autre quel que soit son destin
Et vouloir monter c’est vouloir qu’un autre descende
Ainsi lutter contre une partie c’est nuire à l’ensemble
NOSEPAD:
Au fond ce texte a-t’il une réelle raison d’être?
Je l’admet, c’est un fait, je m’imbibe de l’autre.
Tout ce qui me touche à chaque seconde me constitue.
Bon, mauvais, ami, ennemi et la vie continue.
Mais me dire que moi-même j’ai sur autrui tant d’influence
Me pousse à vivre ouvert, avec vertu dans la présence.
Pas forcément en accord avec les valeurs en vigueur,
J’me dois d’agir sans intérêt en suivant mes sens et mon cœur.
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6. |
Lacher prise
03:50
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LACHER PRISE
NOSEPAD:
Pourquoi nos esprits obtus veulent-ils toujours tout maîtriser
Combattant l’courant d’l’imprévu au lieu de s’y laisser glisser?
Chacun tricote dans sa tête sans cesse et frénétiquement
Dans l’abstraction complète d’espèces de petits vêtements.
Pour ne pas attraper froid lorsque demain ils sortiront,
Les gens blottis à l’étroit garnissent de laine leurs potirons.
Les perspectives diluviennes font d’l’av’nir le pire cauchemar
On s’alourdit la boîte crânienne d’idées tordues qui n’mènent nulle part
L’éternelle recherche de la meilleure des directions
Embrume le réel et ses berges dans l’océan d’l’indécision.
Si suite à un orage sur le rivage on fait naufrage,
Déboussolés, nus, sans repères, on s’empresse de r’prendre le large
Enfoui au fond de l’intestin, l’instinct veut-il être vaincu?
Dans c’fouillis profond incessant, l’instant peut-il être vécu?
Les projections mentales constantes tiennent éloignées d’ce monde
De façon lamentable on s’plante même d’une poignée d’secondes.
K1000:
Les mots s’assemblent en idées, et s’emboîtent en concepts,
Se multiplient, me mutilent plus, et moult plaies je leur concède,
Je suis cet animal planificateur, tailleur
De mille fresques cérébrales, calculateur, d’ailleurs.
Plus qu’une métaphore, si j’élabore les rapports,
En grec antique Eidos signifie l’idée et la forme.
L'idée conditionne et circonscrit le concret
C’est une étiquette qu’il m’est difficile de contrer.
Dans laquelle je me complais, quand les événements,
Me débordent, et vainement, je m’y lance véhément.
Je transforme le réel de manière systématique,
En mots, idées, images et concepts si schématiques.
Puis je les combine pour qu’ils soient en adéquation
Tout ceci afin de contrôler ce tas d’équation.
Esclave de mes illusions je devins sentinelle,
Pour me sentir maître de chaque centimètre de sentiment que j’ai
Senti naître, ça semble inepte, mais à voir la raison comme seul
Sentier net, mon cœur se transformait en centre inerte.
Je recherchais contrôle, sécurité et certitude,
Me transformais en une machine de servitude.
Mais à vouloir toujours m’instruire et me construire
A planifier la vie où cela peut-il me conduire ?
Produit des rouages du passé, mon présent est éludé
Pour vivre dans le devenir au lieu d’me dénuder,
Naïveté, candeur, spontanéité fondamentale
Sont anéantis par mon lamentable sondage mental.
Le temps passe et je vois toutes ces journées sous contrôle
Sans faux pas, sans déviations, sans ratures sans contrordres
Je les considère sans relief et les vois se contracter
Combien en échangerais-je contre une qui saurait contraster.
Juste une gaffe, un raté, une folie qui s’entrouvrait
Dans ce type de situation pourquoi n’pas s’engouffrer.
Peur de l’inconnu, de l’imprévu, qu’autrui soit outré,
Peur de quitter cette place qui nous semblait être attitré
A dire vrai, il semblerait qu’en définitive
La résistance est aisée mais l’abandon est difficile
Le contrôle entraîne reproduction et inaction
Le lâcher prise libère innovation et création
Lao-tseu disait que la vraie force était faiblesse,
Ce qui est dur et ne se renouvelle pas est éphémère,
Seul le changement est éternel et c’est sûr,
Je veux maintenant m’exposer aux caresses et blessures,
Éprouver ressentir, pleurer, souffrir
Rire, crier, s’offrir, se plier, s’ouvrir
Éprouver ressentir, pleurer, souffrir
Rire, crier, s’offrir, se plier, s’ouvrir
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