Je n'compte plus mes tares, car j'évolue trop à l'écart.
L'état du monde m'échappe, et j'articule des « je n'sais pas »
Chaque fois qu'démarre un quelconque débat
D'idées politique, social, culture générale,
J'suis à la masse totalement décalé. J'ai pas les bases,
Me sens largué grave. Et si j'm'en veux d'un côté,
J'avoue qu'la part paresseuse de moi qu'en a rien à péter
Sort souvent victorieuse et me concentre sur
Mon propre train-train encourageant la moisissure.
Si je n'fais rien, je sais qu'elle m'aura à l'usure.
Mais je fuis, cherche le confort,
Lutte contre l'ennui, enchaîne films et console,
Spliffs et alcool. Histoire de vivre sans bouger,
Vibrer, kiffer, rire excité. Et même si c'est pas drôle,
Qu'artificiels sont les arômes, que ça me coupe
Du monde réel, et qu'j'en éprouve d'la honte
C'est vrai. Mais au fond j'y trouve mon compte.
J'éspère ne pas faire fausse route à m'laisser bercer par les flots
Comme un rat dans la soute. Non, j'voudrais percer par les mots.
Carrément plein d'rêves comme un vrai môme, j'agrémente
Ma jeunesse comme je peux, appréciant qu'elle s'pimente
Un ptit peu par moments. Sinon ma vie tranquille,
En autarcie avec mes potes, c'est p'tet' triste à dire
Mais disons que j'm'en satisfais.
K1000:
Petit à petit, je me suis replié.
Ascétique, je n'ai plus que mon encrier.
Impassible, j'observe mon scaphandrier
Se fendiller, présageant l'asphyxie,
Désensibilisé, je n'attends rien ici
Les seules choses que j'aimerais dire sont indicibles.
Je n' lis plus, ne me renseigne plus,
Ne m'intéresse plus, tout m'est superflu.
Me sentant de plus en plus déphasé,
Dépassé, effacé n'alimentant plus les brasiers.
Serais-je en train de me vider?
De m'épancher? Mes textes tournent en rond
À l'image de mes pensées? C'que j'ai changé,
À moins que j'n'ai toujours été creux et échancré?
Habillant le vide par des discours superficiels,
En quête de quelques savoirs, de quelques ficelles.
Peut-être ai-je toujours été un pantin inconsistant,
Que c'que j'avais à dire n'était qu'un fade condiment,
Pour dissimuler le goût de ma substance réelle:
Ce vide insipide, que chaque jour me révèle.